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L’ubérisation de l’économie ?

L’ubérisation de l’économie est en marche ! La colère régulière des taxis face à la société Uber venue briser leur monopole illustre un changement plus profond de l’économie. Et il ne s’agit pas d’un cas isolé. BlaBlacar, ou AirBnB sont aussi des start-up qui viennent bousculer les grands acteurs de l’économie. En effet, le développement d’internet et le décloisonnement des activités, ont remis en cause une législation lourde et parfois peu efficace. Et  entraînent l’apparition de nouveaux modèles économiques dont toutes les conséquences ne sont pas encore visibles.

Valoxy, cabinet d’expertise comptable dans les Hauts-de-France fait un point d’étape.

Qu’est-ce que l’ubérisation ?

l'uberisation

Ce « nouveau type d’entreprise », a pris son nom de la société Uber, tant décriée en Europe. Ces entreprises développent un modèle économique mettant directement en contact les professionnels et les utilisateurs, par l’intermédiaire d’internet. Et ce, grâce à des plateformes numériques qui vont proposer les services recherchés. Le recours à ces plateformes diminue ainsi les coûts et allège la gestion, permettant ainsi un développement rapide de cette pratique. A cela s’ajoute le développement d’une nouvelle valeur ajoutée pour le client. (avec par exemple des tarifs plus transparents ou un meilleur suivi des services).

De plus, les sites permettent la mise en contact massive de l’offre et de la demande sans intermédiation (réglementaire, structurelle, corporatiste, monopolistique, …). Un usager (entreprise ou particulier) va pouvoir ainsi proposer de manière directe un service à un utilisateur qui exprime un besoin. La mise en contact direct fait exploser la structure économique (nationale et internationale) du secteur d’activité auparavant concerné. Ainsi n’importe qui peut s’improviser chauffeur de taxi, activité normalement réglementée.

Exemple

On peut prendre l’exemple de la réalisation d’un logo.. Aujourd’hui, pour environ 300 euros, il est possible de lancer un concours de logos et d’obtenir en une quinzaine de jours une centaine de propositions réalisées par des graphistes de pays aussi différents que la France l’Allemagne, l’Inde, le Maroc, le Mexique, le Canada, … Bien sur, cette solution n’est pas adaptée à la refonte du logo d’un grand groupe, mais elle convient à de nombreux dirigeants de PME qui ne disposent pas de 5 à 15 000 euros de budget pour cela.

Pour certains économistes, nous assistons au développement de l’économie du partage dans laquelle les particuliers entrent en contact directement sans passer par un intermédiaire, afin de réaliser une activité économique.

Ce phénomène commence à toucher toute l’économie traditionnelle et va prendre de l’ampleur dans les années à venir. Cela risque d’entraîner de profondes modifications dans de nombreux domaines :

  • la réglementation,
  • la fiscalisation de l’économie,
  • la notion de revenus,
  • l’organisation des entreprises et leurs choix  d’investissements.

Quelles conséquences pour les entreprises ?

Création et financement

Certaines entreprises qui investissent dans ce nouveau secteur économique connaissent une croissance rapide. Il y a donc de vraies possibilités pour les créateurs d’entreprises mais aussi un risque à prendre. En effet, ces start-up réclament souvent un capital important (pour faire face aux premières années qui peuvent être difficiles). Les créateurs doivent donc anticiper ces besoins en fonds propres en faisant appel à des capitaux extérieurs et en bénéficiant du soutien des banques.

Concurrence

De plus la concurrence est souvent rude sur ces secteurs d’activité (plusieurs créateurs espèrent profiter de ces nouveaux marchés créant ainsi une concurrence accrue). Le succès n’est donc pas garanti et dépend de la viabilité du projet (plan de financement, prévisionnels…). Par ailleurs, le secteur évolue très vite et les géants d’aujourd’hui peuvent se faire surprendre par de petits ingénieux…

Pour les autres entreprises, elles voient apparaître de nouveaux concurrents pratiquant des prix inférieurs, et plus flexibles ce qui peut compliquer fortement leur croissance et les obliger à réadapter leurs stratégies.

Les sociétés cotées sont elles aussi inquiètes de l’apparition de cette nouvelle forme d’économie qui vient les concurrencer grâce à des coûts très inférieurs à ceux pratiqués jusqu’alors.

Quelles conséquences sociales ?

Les personnes travaillant pour les plateformes de type Uber ne sont pas liées par un contrat de travail. Cela entraîne deux conséquences :

  • conséquences sociales uberisationD’une part, l’entreprise n’est pas soumise aux obligations qui découlent de l’existence d’un contrat de travail, ce qui contribue à réduire ses coûts en matière d’application des lois sociales, et la décharge de sa responsabilité en cas de faute commise par une personne travaillant pour elle.
  • D’autre part, les salariés, n’étant pas liés par un contrat de travail,  n’ont pas à payer de charges sociales. Cette nouvelle réalité dans le monde du travail entraîne un certain nombre de questions, et notamment sur le financement de la Sécurité sociale, sur le risque de précarisation de l’emploi et sur la fiscalité applicable à ces entreprises.

Il semble cependant que ce contrat pourrait, selon certains juristes,  être requalifié en véritable « contrat de travail ».

Menace ou opportunités ?

Au-delà des conséquences sociales de ce modèle économique, il convient pour le créateur ou le dirigeant d’entreprise d’être conscient de cette évolution afin de pouvoir anticiper les changements qu’il entraîne. Ces changements sont :

  • uberisationUne digitalisation de l’économie, rendue possible par le développement rapide des nouvelles technologies notamment celles liées au Smartphone, et l’internet à haut débit généralisé.
  • Une plus grande autonomie des individus, qui leur permet d’accomplir certaines taches sans avoir recours à un professionnel (c’est pourquoi on parle aujourd’hui d’Ubérisation du Droit, quand les consommateurs accomplissent directement certaines tâches juridiques en étant supervisés par un spécialiste).
  • La recherche d’une plus grande souplesse dans le monde du travail pour les employeurs et les salariés (qui désirent choisir leurs horaires de travail et éventuellement accomplir plusieurs activités). D’après l’INSEE, le nombre de création d’entreprise n’a cessé de croître ces dernières années.
  • Un intérêt de plus en plus marqué par les consommateurs pour l’économie collaborative, c’est-à-dire une volonté de court-circuiter les grands acteurs économiques. Ce phénomène s’observe par exemple dans le développement du crowdfunding qui vise à demander de l’argent directement aux particuliers sans passer par les acteurs financiers traditionnels.

Ces évolutions dans les mentalités ont permis le développement de « l’ubérisation ». Mais ils sont aussi potentiellement porteurs de nouveaux modèles économiques. En effet, l’ubérisation n’est peut-être qu’une étape de ces évolutions économiques et sociales. Les innovations qui frappent à nos portes vont apporter d’autres révolutions. (impression 3D, robotisation, Intelligence Artificielle, Drones, objets connectés, …). Les chefs d’entreprise ou les créateurs qui en ont conscience seront à même d’anticiper ou d’accompagner les changements économiques qui ne manqueront pas d’arriver. Il s’agit donc pour eux d’une source d’opportunités ou de succès à saisir.

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