De nombreuses situations de la vie d’une entreprise (cession, succession, entrée ou sortie du capital d’un associé, stratégie de développement, restructuration,…) peuvent nécessiter de procéder à son évaluation, que ce soit globalement ou au niveau de l’une de ses branches d’activité ou de ses unités de production…
L’évaluation d’entreprise n’est pas une tâche aisée et fait appel à de nombreuses compétences et connaissances (juridiques, comptables, sociales, économiques,…), ainsi qu’à une dose certaine de « bon sens ».
Valoxy, cabinet d’expertise comptable dans les Hauts de France, balise dans cet article les étapes essentielles d’une évaluation pour parvenir à une approche raisonnée de la valeur d’une entreprise et, au-delà, de son prix possible.
Avant toute autre chose, une évaluation doit débuter par un diagnostic.
Evaluation d’entreprise : réaliser un diagnostic approfondi
Faire une évaluation est impossible sans une très bonne connaissance de l’entreprise concernée (ses éléments internes : ses états financiers, ses ressources humaines, sa stratégie, son organisation, son mode de management, ses associés,…) et de son environnement (ses éléments externes : son ou ses marchés, ses concurrents, ses fournisseurs, son cadre légal, social et fiscal, ses contraintes et opportunités technologiques, écologiques,…).
Il est donc nécessaire de débuter l’évaluation par un diagnostic approfondi, à la fois analytique (ce qui est aujourd’hui) et prospectif (ce qui pourrait être demain), de l’ensemble de ces éléments.
Ce diagnostic va permettre à la personne qui réalise cette évaluation de définir les retraitements à opérer sur la comptabilité (qui ne représente jamais que l’image figée d’une réalité passée de l’entreprise) afin de la repositionner dans une vision dynamique et future « des conditions d’exercice normales de l’activité ».
Elle va également, dans un second temps, orienter le choix des méthodes d’évaluation à privilégier en fonction des données recueillies (historique, organisation, rentabilité, fiabilités des prévisions…).
Evaluation d’entreprise : retraiter la comptabilité
Le retraitement de la comptabilité de l’entreprise est essentiel avant d’appliquer les méthodes d’évaluations.
Parfois nombreuses, ces opérations doivent permettre de valider la réalité de l’actif (ce que l’entreprise possède), du passif (ce que l’entreprise doit), mais aussi celle des performances économiques et financières retracées dans les derniers comptes de résultat (en général ceux des trois derniers exercices dont l’importance respective peut être, parfois, pondérée).
Les retraitements les plus fréquents permettent notamment de valoriser :
- Au bilan
- A l’actif :
- Plus ou moins-values latentes (potentielles) sur :
- Le Fonds de commerce,
- Les Brevets,
- Les Immeubles,
- Les Matériels
- Les Titres …
- Risque de non recouvrement des créances
- Risque de dépréciation des stocks
- Plus ou moins-values latentes (potentielles) sur :
- Au passif :
- Impact des litiges existants ou potentiels non provisionnés :
- Risque par rapport à la législation,
- Risque prud’homal,
- Litiges commerciaux…
- Engagements hors bilan :
- Indemnités potentielles futures de départ en retraite des salariés,
- Droit individuel à la formation (DIF) des salariés.
- A l’actif :
- Au compte de résultat :
- Niveau des loyers (notamment dans le cadre d’une SCI),
- Rémunération du dirigeant et ses accessoires,
- Provisions,
- Pertes ou gains significatifs sur des contrats exceptionnels (chantiers,…).
C’est la base des éléments comptables ainsi retraités qui donnera une image fidèle des capacités de l’exploitation de l’entreprise dans des conditions normales, et c’est sur elle que seront appliquées les méthodes d’évaluation retenues.
Choisir et appliquer les méthodes d’évaluation adéquates
C’est le diagnostic initial qui oriente le choix des méthodes d’évaluation à utiliser.
Par exemple, en période de crise ou dans le cadre d’un secteur d’activité en déclin, l’analyste aura tendance à privilégier des méthodes dites patrimoniales (analyse à partir du présent et du passé). Inversement, dans un contexte et/ou un secteur porteur, il choisira plutôt des méthodes d’évaluation basées sur le futur (méthodes par les flux).
Globalement, trois familles de méthodes d’évaluation existent :
- Les méthodes d’évaluation patrimoniales : l’entreprise vaut ce que valent ses biens et ses créances diminuées du passif. Exemples : Actif net comptable (ANC), Actif net corrigé (ANC),…
- Les méthodes d’évaluation par les flux : l’entreprise vaut ce qu’elle rapportera à ses actionnaires dans le futur. Exemples : méthode basée sur le rendement, méthode des Discounted Cash Flows (DCF, Flux actualisés de trésorerie), méthode EVA (Economic Value Added, Création de valeur économique),…
- Les méthodes d’évaluation analytiques : l’entreprise est évaluée en fonction des valeurs connues d’actifs équivalents ou comparables présents sur le marché. Exemples : méthode des comparables, méthode des multiples,…
D’autres méthodes d’évaluation plus spécifiques, adaptées à des situations particulières (valorisation de brevets, de marques,…), existent également.
Arbitrer entre ces différentes méthodes d’évaluation, c’est répondre, sur la base du diagnostic initial, à la question suivante : quels sont les éléments qui donnent de la valeur à cette entreprise spécifique ?
Ces éléments peuvent être synthétisés de la manière suivante :
Qu’est-ce qui donne de la valeur à cette entreprise ? |
Méthode à privilégier |
Son patrimoine |
Méthodes patrimoniales |
Ses actifs incorporels non valorisés au bilan (brevets, marques,…) |
Méthodes spécifiques |
Sa croissance future |
Méthodes par les flux |
Sa performance économique actuelle |
Méthodes par les flux |
Ses synergies possibles avec le projet de l’acquéreur |
Méthodes par les flux |
Le prix du marché lors de cession d’entreprises similaires |
Méthodes analytiques |
Adapter le résultat des différentes méthodes d’évaluation
Le plus souvent, la valeur de l’entreprise n’entre pas exclusivement dans une seule catégorie. Il convient donc de retenir plusieurs méthodes d’évaluation et de pondérer leurs résultats en fonction de l’importance relative de chaque élément au sein de la valeur globale de l’entreprise. Cette pondération doit également prendre en compte le niveau de risque ou d’incertitude estimé par l’évaluateur.
Ainsi les produits futurs seront pondérés par rapport aux autres méthodes suivant l’historique et le niveau d’incertitude du marché et de l’activité.
Le même ajustement sera effectué au niveau des taux d’actualisation et des taux de rémunération des capitaux investis, variables utilisées dans les méthodes d’évaluation par les flux notamment.
Chez Valoxy, par exemple, nous sélectionnons généralement les cinq méthodes les plus adaptées à l’entreprise évaluée et pondérons leur résultat en fonction du niveau de risque et d’incertitude détecté lors du diagnostic.
Nous faisons ensuite la moyenne des trois résultats médians. Enfin, nous retiendrons une fourchette de valeurs de + ou – 10% autour de cette moyenne.
Passer de la valeur au prix
Le diagnostic préalable est donc fondamental. Il permet d’identifier les forces et les faiblesses, les opportunités et les risques de l’entreprise.
Il oriente également le choix des méthodes d’évaluation les plus pertinentes. Le diagnostic aide à adapter leur résultat pour proposer une fourchette de valeurs raisonnables.
Cependant, cette valeur « rationnelle » ne doit pas être confondue avec le prix auquel une cession de l’entreprise pourra finalement être conclue.
En effet, d’autres facteurs, plus ou moins subjectifs, vont influer, parfois de manière spectaculaire, sur cette valeur pour aboutir finalement à un prix d’accord entre le vendeur et l’acheteur.
Ces facteurs peuvent être globalement rattachés à deux grandes catégories :
- Le rapport de force acquéreur/vendeur : rareté du bien sur le marché, nombre d’acquéreurs potentiellement intéressés, contraintes temporelles ou légales,…
- Les modalités de cession : octroi de conditions de paiement, modalités de transmission, octroi de garanties sur l’actif et/ou le passif…
Cette différence essentielle entre la valeur et le prix d’une entreprise est d’ailleurs lumineusement résumée par le milliardaire américain Warren Buffet, grand spécialiste de la question :
"Le prix est ce que vous payez. La valeur est ce que vous gagnez. »
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Votre article montre bien combien elle est difficile et délicate de procéder à l’évaluation d’une entreprise.
En touts cas, merci, c’est très informatif.