C’est en accord avec les ambitions de l’Union européenne que la France publiait en 2011 la fameuse « loi Zimmermann », obligeant les grandes entreprises à compter au moins 40 % de femmes dans leurs conseils d’administration à partir du 1er janvier 2017. L’obligation, progressive, instaurait un premier quota fixé à 20 % de femmes en 2014.
Qu’en est-il aujourd’hui de la parité homme/femme dans les conseils d’administration ? Valoxy, cabinet d’expertise comptable dans les Hauts de France, fait le point.
Ce que dit la loi Zimmermann
La loi Zimmermann, du 27 janvier 2011, est plus exactement la loi « relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité professionnelle.
Elle a été initiée par Jean-François Copé, Marie-Jo Zimmermann, Christian Jacob et Michel Tabarot. Elle oblige à un quota progressif de femmes dans les instances dirigeantes des entreprises d’au moins 500 salariés, dont le chiffre d’affaires ou le total de bilan est supérieur à 50 millions d’euros durant 3 exercices.
Le quota était de 20 % en 2014 et passe à 40 % en 2017. D’ici 2020, les entreprises non cotées de plus de 250 salariés devront suivre le mouvement.
En 2017, seules 21 entreprises du CAC respectaient la loi
En 2017, force est de constater que les grands groupes peinent à respecter la loi, malgré la sanction encourue en cas de non-respect du quota (suspension temporaire des jetons de présence, et nullité des nominations non conformes à l’objectif). Au dernier recensement, courant 2016, soit quelques mois seulement avant la date d’application de la loi, seules 21 entreprises du CAC 40 respectaient le taux de 40 % de femmes au sein de leurs conseils d’administration. 6 entreprises atteignaient la parité.
Notez cependant qu’au 1er janvier 2014, les femmes représentaient en moyenne 30 % des effectifs des conseils d’administration dans les entreprises du CAC. Elles n’étaient que 11 % en 2009. Il y a donc une nette évolution qui montre la volonté des entreprises de se conformer à la loi, même si c’est encore lent.
Un objectif difficilement atteignable… Car les hommes ne veulent pas quitter leurs sièges !
La progression est tout de même visible, mais elle reste insuffisante et bon nombre d’experts affirment qu’il sera impossible d’atteindre 40 % de femmes dans les conseils d’administration cette année. Le Haut Comité de Gouvernement d’Entreprises (HCGE) a même publié une étude à ce sujet, concluant d’un objectif « difficilement atteignable ».
Dans une interview donnée pour les Echos Business, le Directeur général de Russell Reynolds France, Marc Sanglé-Ferrière, justifie d’un calendrier beaucoup trop court : « Cinq ans [de 2011 à 2017] pour être en conformité avec la loi, c’est peu », non pas parce que les femmes manquent à l’appel, précise-t-il, contrairement à ce que l’on pourrait croire, mais parce que les hommes qui siègent dans les conseils d’administration ne veulent pas quitter leur poste.
« Humainement, ce n’est pas évident pour un président de conseil de faire partir un administrateur qui a beaucoup contribué au développement d’une entreprise. Au fil des années, ce dernier a acquis une connaissance forte de l’entreprise. Tout nouvel entrant devra se mettre à niveau, ce qui prend du temps. Cela explique que, parfois, les patrons procrastinent », précise Marc Sanglé-Ferrière pour les Echos.
Autre difficulté : un recrutement pointilleux, limité à une poignée de femmes PDG
Autre difficulté : le recrutement (trop) pointilleux des administratrices. Selon Lucille Desjonquères, du cabinet Leyders Associates, les entreprises du CAC privilégient des femmes PDG au profil strictement défini, d’ores et déjà ancrées dans leur secteur et dont le carnet d’adresses est extrêmement bien fourni. Une vision qui, toujours selon Lucille Desjonquères, conduit fatalement à la cooptation obligatoire, au cumul des mandats, au communautarisme qui sévit déjà parmi les hommes de ce milieu… Et qui restreint fatalement la liste des candidates potentielles aux sièges des conseils d’administration.
Dans ce contexte, il n’est d’ailleurs pas étonnant de voir certaines femmes sollicitées par plusieurs entreprises à la fois. Parmi les têtes d’affiche, Clara Gaymard ; la fondatrice du Women’s Forum est aussi administratrice de Veolia, de LVMH, de Bouygues et de Danone. Monique Cohen, associée au fonds Apax Partners, dispose d’un siège chez BNP Paribas, JCDecaux, Hermès et Safran.
À quand la parité réelle et sans obligation légale ? « Les entreprises y vont (féminiser les conseils) et c’est un très bon signe, précise dans une interview donnée au Figaro Laurence Parisot, vice-président de l’IFOP et ancienne présidente du Medef. On peut espérer quand les choses vont bien, au sommet, que cela se diffuse dans toute l’entreprise. Beaucoup d’entreprises sont allées chercher des femmes, souvent des femmes étrangères, car nos entreprises s’ouvrent aussi à la mondialisation et ça introduit un ton tout à fait roboratif. »
Alors, en attendant la (vraie) parité, voici le top 10 des entreprises du CAC qui jouaient le jeu lors du dernier recensement en 2016 :
- Kering : 63.6 % de femmes dans son Conseil d’administration
- Publicis : 54.5 %
- Engie : 52.4 %
- BNP Paribas : 50 %
- Société Générale : 50 %
- Danone : 50 %
- Bouygues : 46.7 %
- L’Oréal : 46.7 %
- Sanofi : 46.1 %
- Air Liquide : 45.4 %
Et vous, où en est votre société ?
Pour en savoir plus sur la parité et l’égalité homme/femme, retrouvez nos articles sur le blog de Valoxy :
- Le guide de la parité femmes-hommes
- Histoire du droit des femmes au travail
- L’entrepreneuriat au féminin : les stéréotypes ont la vie dure!
- Le Rapport de situation comparée : un outil pour l’égalité homme femme
- « Quand les femmes réussissent en affaires, l’économie s’améliore ». Sheryl Sandberg, numéro 2 de Facebook, va former les françaises au numérique.
- Les femmes chefs d’entreprises sont plus optimistes et plus performantes que les hommes !