Le tiers-lieu ? “Un espace collectif pour inventer demain !” L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) et le monde associatif utilisent de plus en plus souvent ces espaces nouveaux, très divers, pour développer leurs projets (espaces de coworking, cafés associatifs, ateliers partagés, friches culturelles). Vous en avez certainement déjà entendu parler. Mais savez-vous vraiment ce qui se cache derrière ce terme ?
Valoxy, cabinet d’expertise comptable dans les Hauts-de-France, explique dans cet article ce que sont les tiers-lieux.
Qu’est-ce qu’un “tiers-lieu” ?
Un tiers-lieu, c’est avant tout un espace ouvert, à mi-chemin entre la maison et le travail. On s’y retrouve pour échanger, créer, apprendre, travailler, expérimenter ou simplement partager un moment convivial. Le concept a été imaginé par le sociologue américain Ray Oldenburg. Pour lui, il existe trois grands types de lieux dans nos vies :
- la maison (le premier lieu),
- le travail (le deuxième lieu),
- et les espaces « autres » (le tiers-lieu), de rencontre, de créativité et de lien social.
Aujourd’hui, les tiers-lieux prennent des formes très variées. Ce qui les unit, ce n’est pas leur apparence mais leur esprit : coopération, ouverture, ancrage dans le territoire et envie de “faire ensemble”. Les notions de diversité sociale et de protection de l’environnement s’y inscrivent naturellement.
Les “tiers-lieux” mutualisent des espaces et des compétences. Ils réunissent des citoyens engagés autour d’un même projet. Ils favorisent la coopération pour répondre aux enjeux de leur territoire. Un tiers-lieu est un outil rassemblant un ensemble de personnes se réunissant autour d’une pratique sociale.
Qu’est-ce qu’on y fait, qu’est-ce qu’on en fait ?
Les tiers-lieux proposent une multitude d’activités diverses et variées qui contribuent à en faire un modèle hybride. Ils sont souvent perçus comme des espaces d’expérimentation sociale et économique. Cependant, chaque tiers-lieu est unique, et voici quelques exemples d’activités que l’on peut y rencontrer :
- Espaces de coworking : pour les indépendants, télétravailleurs ou porteurs de projets,
- Ateliers partagés et fablabs : pour bricoler, fabriquer, apprendre à utiliser des machines,
- Cafés et restaurants solidaires : pour se retrouver autour d’un repas à prix accessible,
- Repair cafés : pour apprendre à réparer plutôt que jeter,
- Espaces culturels : spectacles, concerts, expositions, ateliers artistiques…
En bref, un tiers-lieu est souvent un mélange d’activités, toujours tourné vers la communauté locale. Mais il se définit d’abord par ce que l’on en fait. L’important c’est le sens du projet, le « faire ensemble ». Un projet construit autour de valeurs propres, soutenues par les fondateurs et les acteurs qui l’animent. C’est ensemble qu’ils orientent la manière dont ses activités sont conçues, gouvernées et partagées. Des activités qui apportent du sens dans l’esprit des gens et qui constituent sa mission sociale : des espaces neutres, conviviaux, ludiques et ouverts.
Un projet social
Les fondateurs d’un tiers-lieu y intègrent une mission sociale. Ce n’est pas seulement un endroit pratique de rencontres ou de partage. Il dépasse la simple activité économique. Le tiers-lieu répond à des besoins spécifiques de son territoire et de ses habitants :
- créer du lien entre les habitants (réduire l’isolement social),
- favoriser l’innovation collective,
- soutenir l’entrepreneuriat local,
- promouvoir des initiatives écologiques et solidaires,
- redonner vie à des lieux parfois abandonnés (anciennes usines, écoles, bâtiments historiques).
En participant à un tiers-lieu, on ne consomme pas seulement un service : on fait partie d’un projet collectif. Cette participation se traduit par des actions qui impliquent la communauté, le territoire. L’objectif est de créer un environnement où les individus peuvent collaborer, échanger, expérimenter et co-créer des solutions adaptées aux problématiques locales, dans une démarche d’intérêt général. Sans cette dimension profonde de projet social, un tiers-lieu risque de se réduire à une simple salle de coworking ou à un espace de loisirs, sans impact tangible sur son environnement.
S’intégrer à la vie locale
Les tiers-lieux ressemblent à leurs habitants, et s’y adaptent. Certains accueillent surtout des artistes, d’autres des artisans, d’autres encore des entrepreneurs ou des familles. Il faut donc impliquer les acteurs locaux, régionaux, (et d’autres) pour mobiliser les ressources nécessaires, qu’elles soient humaines, matérielles ou culturelles. Le tiers-lieu devient ainsi un acteur-clé du développement local. Il contribue à l’amélioration des conditions de vie, à la revitalisation des espaces urbains ou ruraux délaissés, et à la création de liens sociaux entre les différents groupes de la population.
L’inclusion est au centre des préoccupations actuelles, et ces lieux ont vocation à être ouverts à tout le monde. Ils doivent permettre de répondre aux besoins des habitants, qu’ils soient jeunes, travailleurs indépendants, retraités, ou porteurs de projets. Il s’agit, au travers du lieu, de rendre un quartier plus fort et plus uni.
L’un des défis majeurs reste donc la capacité des tiers-lieux à s’adapter au contexte local et à gérer des acteurs parfois très différents : pouvoirs publics, entreprises, associations, et citoyens. L’ancrage territorial est un élément essentiel du tiers-lieu, tout comme la force du collectif qui le porte.
La force du collectif
Enfin, un tiers-lieu ne peut pas exister sans la force du collectif, de la dimension humaine. Il a une structure, des dirigeants, un public, des participants, des intervenants, des acteurs… et met en réseau des compétences, la co-construction des projets et l’organisation participative.
Les tiers-lieux reposent sur l’idée d’un espace partagé, où les individus contribuent ensemble à la création de valeur. C’est un laboratoire d’idées et de rencontres, un moteur pour la vie locale, et souvent un lieu où l’on se sent bien. La valeur créée peut l’être sous toutes les dimensions possibles, commerciale, sociale, environnementale…
La gestion des tiers-lieux est souvent collégiale. Leur gouvernance s’organise autour de groupes de décision, qui incluent des bénévoles, des professionnels, des habitants, et des partenaires institutionnels. Cette gouvernance partagée, hybride, peut cependant présenter des défis (prise de décision, gestion des conflits, .…). Un tiers-lieu doit donc non seulement encourager la participation active, mais aussi fixer des règles pour faciliter la cohésion et la coopération entre ses différents membres.
En résumé, se dire tiers-lieu ne suffit pas. Il est impératif de réunir des conditions essentielles, dont le sens du projet, l’ancrage territorial et la force du collectif, pour qu’un espace puisse réellement revendiquer ce titre et jouer pleinement son rôle dans la transformation sociale et territoriale. Si vous en avez un près de chez vous, poussez la porte ! Vous pourriez y découvrir bien plus qu’un bureau ou un café : un véritable esprit collectif.
Des exemples (et ils sont nombreux !) de tiers-lieux dans la région :
- la Station, à St Omer
- le Bazaar St So, à Lille,
- la LOCO, Fives Cail, à Lille,
- la Réserve, à Noeux les Mines
- le Passage à Niveaux, à Béthune
- IN CITU, le tiers-lieu d’Eurasanté
- le couvent des Clarisses, à Roubaix,
- « l’ancienne maison d’ingénieur », à Loos en Gohelle (62).
Chacun illustre à sa manière la diversité et l’inventivité des tiers-lieux (fablab, incubateur, club d’entrepreneurs, coworking…)
Un peu d’histoire
L’idée de tiers-lieu n’est pas née d’hier. Dès les années 1960, on voit apparaître des squats artistiques : des lieux inoccupés investis par des créateurs pour y vivre, peindre, organiser des spectacles ou expérimenter de nouvelles formes d’art (street art, cirque, graffitis, performances…).
Dans les années 1980, ces pratiques se transforment et donnent naissance aux friches culturelles. Désormais autorisées et souvent organisées sous forme associative, elles deviennent de véritables espaces collectifs, mêlant culture, engagement citoyen et vie locale.
Plus récemment, cette dynamique a inspiré la création des tiers-lieux modernes. Utilisant souvent des bâtiments vides ou à l’abandon, ils les transforment en espaces vivants et utiles à la communauté. Et de plus en plus, les collectivités locales encouragent ce mouvement, en mettant à disposition des lieux qu’elles souhaitent préserver : anciennes écoles, usines désaffectées, monuments historiques… Résultat : ces bâtiments retrouvent une vie nouvelle tout en évitant la prolifération de lieux à l’abandon (friches industrielles ou commerciales).
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