Lorsque deux entreprises fusionnent (pour atteindre une taille critique, pour espérer des économies d’échelle, pour faire disparaître un concurrent, etc. ), on « fusionnera aussi les bilans comptables des entreprises, selon des règles propres. Dans le cas où la société absorbante possède des titres de la société absorbée antérieurement à l’opération de fusion, un boni ou un mali, correspondant à une plus-value ou une moins-value, peut être constaté au moment de la fusion. Il s’intégrera aux comptes de la société absorbante.
D’où vient le boni ou le mali de fusion ? Comment se calcule t-il ? Comment le comptabiliser ? Valoxy, cabinet d’expertise comptable dans les Hauts de France, analyse l’origine de ces éléments particuliers, définit leur mode de calcul, et explique leur comptabilisation.
I. Le boni de fusion
Exemple : la société X possède 25% du capital de la société Y. Cette participation apparaît dans les comptes pour 100 000 €.
Au moment de la fusion, on estime la valeur de l’entreprise Y à 700 000 €.
Les actions possédées par X ont donc pris de la valeur, puisqu’elles valent : 700 000 x 25% = 175 000 €.
Le boni de fusion est donc de 175 000 – 100 000 = 75 000 €.
D’un point de vue comptable : le boni de liquidation s’inscrit dans le résultat financier à hauteur de la quote-part des résultats accumulés par la société absorbée depuis l’acquisition, et non distribués. La différence se comptabilise dans les capitaux propres (compte 1042).
Reprenons notre exemple : la société Y dispose de 100 000 € de résultats non distribués (depuis la prise de participations de X).
100 000 x 25% = 25 000
On comptabilise le boni de liquidation dans un compte 76 pour 25 000 € et on enregistre les 50 000 € restants dans le compte 1042.
II. Le mali de fusion
Reprenons notre exemple précédent en supposant que la participation de X dans Y soit enregistrée pour 200 000 € et non plus pour 100 000 €.
Compte tenu de l’évaluation pour 700 000 €, le mali de fusion sera de :
(700 000 x 25%) – 200 000 = -25 000 €
Mali technique ou « vrai » mali ?
En cas d’existence d’un mali, il convient de différencier :
- le mali technique, qui ne traduit pas vraiment une perte de valeur, et qui trouve son origine dans la comptabilisation,
- du « vrai » mali, représentant une diminution de valeur.
Mali technique
Le mali technique survient dans le cas où les apports (suite à la fusion) se réalisent à la valeur comptable. En effet, lorsque l’entreprise a acquis les actions, elles ont été valorisées à partir de la valeur réelle de l’entreprise. Cette valeur réelle est souvent supérieure à la valeur comptable de l’entreprise. Ceci s’applique dans le cadre d’un régime de faveur.
Ainsi, lors de la fusion, les apports étant réalisés à la valeur comptable, il y a une perte de valeur par rapport à la valeur des actions (calculées à leur valeur réelle).
Par exemple: la société X a acquis 60% des parts de la société Y pour 600 000 €. Cette valeur d’acquisition a été déterminée à partir de la valeur réelle de la société Y 1 000 000 €.
Lors de la fusion la valorisation des apports se fait à la valeur comptable (société sous contrôle commun). La valeur comptable de l’entreprise est alors estimée à 850 000 €.
(850 000 x 60%) – 600 000 = -90 000
Ce mali ne traduit pas vraiment une perte de valeur. Il provient d’une différence dans la valorisation des titres de la société Y. Au niveau comptable, il doit être enregistré dans le compte 207.
« Vrai » mali
Le vrai mali désigne la perte de valeur qui n’est pas uniquement due à une différence de méthode comptable.
Reprenons notre exemple: supposons qu’au moment de la fusion la valeur réelle de la société Y soit de 950 000 € et la valeur comptable soit de 800 000 €.
(800 000 x 60%) – 600 000 = -120 000
Dans ce mali -120 000 €, on distingue le mali technique (950 000 – 800 000) x 60% = -90 000
Le vrai mali lui est de (950 000 x 60%) = 570 000 570 000 – 600 000 = -30 000 €
Cet exemple nous permet de mieux comprendre la notion de vrai mali et de mali technique. En effet, le mali technique vient de la différence entre la valeur comptable retenue pour la valorisation des apports et la valeur réelle nécessaire pour fixer le prix des actions lors de leur acquisition.
Le vrai mali témoigne d’une réelle perte de valeur de l’entreprise. La valeur réelle de l’entreprise Y était de 1 000 000 € lors de l’acquisition des parts. Elle est passée à 950 000 € lors de la fusion. Cette perte de valeur de 50 000 € correspond bien au mali technique: 50 000 x 60%= 30 000.
Le vrai mali doit s’enregistrer dans le compte 668.
Dans le cadre du régime de faveur, le mali technique peut faire l’objet d’une affectation extra comptable aux différents actifs concernés. On ne peut pas amortir ce mali. En revanche il est possible de le déprécier. La dépréciation n’est pas définitive. Elle peut être reprise.
Conclusion
Le boni ou le mali de fusion est donc un élément technique qui ne doit pas être négligé compte tenu de son impact sur la détermination du résultat comptable et fiscal de la société.
Pour plus d’informations concernant les fusions, les boni et mali de fusion, retrouvez nos articles sur le blog de Valoxy :
Bonjour,
Petite question s’il vous plait : j’ai le cas où deux sociétés « sœurs » fusionnent. L’absorbante n’a aucune participation dans l’absorbée. Elles sont toutes deux détenues à 100% par la même société mère.
L’avocat qui rédige le projet de fusion constate une augmentation du capital de la société absorbante s’élevant au montant du capital social de la société absorbée (il les additionne). Il constate également un mali technique de fusion correspondant à l’actif net négatif de la société absorbée (hors capital social). Est-ce que cela vous semble correct ? Comment dois-je comptabiliser ce « mali technique de fusion » chez l’absorbante s’il vous plait ?
Merci d’avance pour votre réponse.
Bien cordialement
A. Callies
Bonjour,
Nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à notre blog et de votre question.
Votre question dépasse cependant la portée de nos articles, et nous vous proposons de remplir le questionnaire en ligne sur ce lien : https://valoxy.org/nous-contacter/, afin que les équipes de Valoxy, cabinet d’expertise comptable, puissent prendre contact avec vous et planifier un rendez-vous. Chaque opération de fusion-absorption est en effet particulière, car elle dépend d’un nombre de facteurs important.
Nous vous souhaitons d’excellentes lectures des articles de notre blog,
L’équipe du Blog Valoxy
Bonsoir,
J’ai une question et je ne sois pas arrivé à le résoudre tout seul. Tant que la société absorbée n’est plus existante et leurs actifs nets sont transmis à la société absorbante. En conséquence, elle n’a plus des états financiers et elle est disparue sans liquidation. Donc le bilan des deux sociétés concerne seulement la société absorbante, et automatiquement trouve leur traitement dans les états financiers individuels et non consolidés. C’est-à-dire l’application de la méthode de coût d’acquisition se fait sur les états financiers individuels et non consolidés et la seule différence entre ces deux états, c’est le bonus de fusion.
Donc, ma question quel est la différence entre les états financiers individuels et consolidés après la fusion pour la société absorbante?
Merci d’avance pour toute réponse future.
Hajji Achref
Candidat de révision comptable
Bonjour,
Nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à notre blog et de votre question.
La société absorbée doit disposer d’un bilan à la date de son absorption. (Donc juste avant l’absorption)
La société absorbante dispose de son dernier bilan avant l’absorption (souvent au 31 Décembre précédent). Elle ne réalise pas de bilan spécifique juste avant la fusion. Et elle disposera d’un “nouveau » bilan après la fusion, à sa date de clôture habituelle, qui intègrera les éléments de patrimoine de la société absorbée.
Nous vous souhaitons d’excellentes lectures sur notre blog,
L’équipe du blog Valoxy