Comment choisir son mode de financement ? Quel est l’intérêt financier réel d’un investissement ? Comment évaluer la valeur d’une entreprise ? Derrière ces questions en apparence très différentes se cache le Coût Moyen Pondéré du Capital (CMPC). C’est une donnée économique qui permet d’arbitrer sur l’opportunité de réaliser un investissement, ou de recourir à l’emprunt ou aux fonds propres. Valoxy, cabinet d’expertise comptable dans les Hauts de France, explique tout ce qu’il faut savoir sur le coût moyen pondéré du capital (CMPC) : sa définition, sa méthode de calcul et l’utilisation que l’on en fait en entreprise.
Qu’est-ce que le coût moyen pondéré du capital (CMPC) ?
Le Coût Moyen Pondéré du Capital (CMPC) est un indicateur économique qui s’exprime sous la forme d’un pourcentage. C’est un taux de rentabilité annuel moyen attendu par les créanciers (ou les actionnaires), en retour des capitaux investis, mais aussi une aide au choix de financement.
1ère utilisation : une aide au choix de financement des entreprises
Lorsqu’une entreprise cherche à se financer, elle a le choix entre trois sources de financement principales :
l’autofinancement, grâce aux bénéfices éventuels réalisés lors des exercices précédents, le financement par le biais des associés, qui apportent des capitaux propres, ou le financement par des tiers qui apportent des capitaux externes, comme un emprunt bancaire par exemple.
Lors de leur recherche de financement, les entreprises peuvent donc
émettre plusieurs hypothèses. Celles-ci les aideront à arbitrer entre ces trois modes de financement, et elles choisiront celui qui leur convient le mieux. Des indicateurs peuvent les aider dans ce choix, dont le Coût Moyen Pondéré du Capital (CMPC).
2ème utilisation : un arbitre sur l’opportunité de réaliser un investissement :
En plus d’être une aide au choix de financement, le Coût Moyen Pondéré du Capital (CMPC) est également un indicateur économique pour les associés. Il leur apporte une information sur l’opportunité d’investir dans l’entreprise. Il leur permet de mesurer la valeur créée par une entreprise en actualisant les flux de trésorerie futurs générés par un projet.
Le Coût Moyen Pondéré du Capital (CMPC) est enfin un indicateur économique pour les créanciers, à qui il peut servir de mesurer le risque qui sera pris s’ils décident de faire crédit à l’entreprise.
3ème utilisation : un outil lié à la trésorerie
L’entreprise est amenée à utiliser la méthode des cash-flows actualisés pour déterminer quelle est sa valeur. Cette valeur sera transmise comme information aux investisseurs. Pour déterminer cette valeur, l’entreprise va dans un premier temps déterminer quel est le flux de trésorerie disponible dans l’entreprise, de la manière suivante :
Cash-flow disponible = Résultat d’exploitation (REX)+ dotation aux amortissements – IS de la CAF +/- variation du BFR – Investissements (nets des cessions d’actifs)
Le résultat obtenu sera actualisé par le CMPC, pour déterminer la valeur initiale de l’investissement. Si la valeur réelle de l’investissement est supérieure à cette valeur théorique, l’information sera transmise aux investisseurs qui s’abstiendront d’investir, alors que si la valeur réelle est égale à la valeur théorique, il est conseillé d’investir.
4ème utilisation : le levier financier
Le CMPC met également en avant la notion de levier financier. C’est une mesure qui permet aux investisseurs de mesurer à quel point ils peuvent accepter l’endettement. Avec cette notion, on sait que la rentabilité augmente avec le taux d’endettement.
Comment se calcule le CMPC ?
Méthode de calcul
Voici une méthode de calcul du CMPC. Dans cette méthode, il est nécessaire de connaître et de calculer au préalable certaines données, dont le résultat net, ou flux revenant aux actionnaires.
On parle de résultat net lorsqu’une société n’est pas endettée, et de flux revenant aux actionnaires, lorsque la société est endettée. Il y a donc deux cas de figure possibles, avec la méthode indirecte.
Le résultat net
Lorsque la société n’est pas endettée, on se basera sur le résultat net. Cette donnée est essentielle pour calculer le CMPC. Pour rappel, le résultat net correspond à la différence entre les produits et les charges auxquelles s’ajoute l’impôt sur les sociétés.
Le flux revenant aux actionnaires
Lorsque la société est endettée, il faut déterminer au préalable le flux revenant aux actionnaires (qui correspond au résultat net), duquel on va déduire la valeur de la dette multipliée par son coût avant impôt.
Par exemple, une société A a un résultat net de 100 000 euros. La valeur de la dette de l’entreprise est de 50 000 euros, et le coût de la dette avant impôt, de 5%. Le flux revenant aux actionnaires sera donc de 100 000 – (5% * 50 000) = 97 500.
La valeur de la société
Autre notion fondamentale, nécessaire au calcul du CMPC, la valeur de marché de l’actif (c’est à dire la valeur de la société). En effet, une des méthodes de calcul de la valeur d’une société consiste à prendre les capitaux propres, auxquels on va ajouter les dettes financières.
Valeur de marché de l’actif = capitaux propres + dettes financières
Précisons que si la société émet des actions, une autre méthode existe pour déterminer les capitaux propres. Cette méthode consiste à multiplier la valeur de marché des actions de l’entreprise par le nombre d’actions qu’elle émet.
Par exemple, une société A est composée de 30 000 000 d’actions. Le dernier cours de l’action était de 8€. La valeur de marché de l’actif sera donc de 30 000 000 * 8 = 240 000 000 €.
La rentabilité obtenue par les actionnaires, ou coût des capitaux propres
Une fois ces données calculées, on peut évaluer la rentabilité obtenue par les actionnaires. La rentabilité pour les investisseurs correspond en fait à un coût pour l’entreprise : le coût des capitaux propres.
La dette d’une entreprise modifie le montant du bénéfice restant à distribuer. Par conséquent il faut préciser que lorsqu’une entreprise a des dettes, la rentabilité (rA) n’est pas égale au CMPC, puisqu’il faut prendre en compte le coût du remboursement de la dette.
Lorsque la société n’est pas endettée, le calcul se fait de la manière suivante :
rA = (résultat Net/capitaux propres)
Lorsque la société est endettée, il suffit de déduire la dette du résultat net, et on obtient :
rA = (Flux Revenant aux Actionnaires/capitaux propres)
Par exemple, une société A (non endettée) a un résultat net égal à 20 000 euros, et des capitaux propres de 200 000 euros. La rentabilité obtenue par les actionnaires sera de :
20 000 / 200 000 = 10%
A noter que si les capitaux propres sont connus en valeur de marché, la rentabilité obtenue par les actionnaires devient une rentabilité exigée par les actionnaires.
Le coût de la dette (ou coût des fonds étrangers)
Avoir une dette a un coût rD. Nous avions déjà utilisé la notion de coût de la dette lors du calcul du flux revenant aux actionnaires. Il s’agit ici de la même donnée, avec influence de l’impôt. Lors du calcul de la rentabilité obtenue par les actionnaires, c’est ce coût qui est déduit du résultat net. Il s’agit d’un pourcentage.
CMPC
Maintenant que vous avez déterminé ces différentes données, la méthode vous permettra de calculer le CMPC. Voici donc la manière dont seront notées les données calculées précédemment.
CP = Capitaux propres (exemple : 15 000 euros)
D = Valeur de la Dette (exemple : 5 000 euros)
rA = Rentabilité obtenue par les actionnaires d’une société A (exemple : 10%)
rD = Coût de la Dette (exemple : 5%)
tis = Taux de l’impôt (hypothèse : impôts = 30%)
CP + D = valeur de la société
Le CMPC dans une société non endettée
Lorsque la société A n’est pas endettée, le CMPC est égal à la formule ci-dessous :
CMPC(A) = rA * (CP) / (CP + D)
La dette étant nulle, on obtient :
CMPC(A) = 10% * (15 000 / (15 000 + 0) )
Soit = 10% * 1
CMPC(A) = rA = 10%
Le CMPC dans une société endettée
Lorsque la société A est endettée, le CMPC est égal à la formule (plus compliquée !) ci-dessous :
CMPC(A) = rA * (CP) / (CP + D) + rD * (D/(CP + D)) * (1 – tis)
Si on reprend les données ci-dessus, on obtient :
CMPC(A) = 10% * (15 000 / (15 000 + 5 000) ) + 5% * (5 000/(5 000 + 20 000)) * (1-30%)
Soit = 7,5% + 5% * (5 000/25 000) * (1-30%)
En simplifiant encore = 7,5% + 5% * 20% *70%
CMPC(A) = 8,2%
Le CMPC que vous obtiendrez dans une société endettée sera donc différent du CMPC que vous allez obtenir dans une société non endettée. D’où l’intérêt de faire des simulations. Certaines entreprises calculent leurs CMPC elles-mêmes et utilisent le montant obtenu comme un indicateur économique qui sera utile pour des prévisions futures, ainsi que comme information financière vis à vis des créanciers. D’autres préfèrent faire appel à des spécialistes et externaliser ce travail qui peut être difficile sans un minimum de connaissances préalables.
tres bien detaillé mais j’ai pas compris pourquoi 20000 et non 15000 en D/(CP+D) :
(5 000/(5 000 + 20 000)) * (1-30%)
Juste pour apporter une précision sur la valorisation d’une entreprise. Oui on prend le cash flow disponible que l’on peut actualiser au CMPC, pour avoir la valorisation de l’entreprise. Cependant pour affiner cette valorisation, ne pas hésiter à faire croître le FCF de 3/4% (en fonction du marché). En effet, une entreprise a des perspective de croissance qu’il est nécessaire de prendre de compte.
Bonjour Sébastien,
Merci pour votre contribution.
Paul, de l’équipe Valoxy.