L’économiste américain Jeremy Rifkins milite depuis plusieurs années pour une évolution des modèles économiques devant conduire à un système de production et de consommation basé non plus les énergies fossiles mais sur les énergies renouvelables. En 2007, le parlement européen avait adopté cette vision afin d’en promouvoir l’application dans les pays membres. En 2012, la France est à son tour entrée dans cette démarche, et notamment la région Nord Pas-de-Calais, qui cherche à appliquer cette démarche. Valoxy, cabinet d’expertise comptable dans les Hauts de France, expose les données de ce concept.
Les opportunités de cette évolution.
Le constat de départ de Jeremy Rifkins peut sembler logique. En effet nous assistons depuis plusieurs années à un épuisement des énergies fossiles qui entraînent, d’une part une augmentation des prix de celles-ci, et d’autre part des difficultés d’approvisionnement pour les entreprises. Le recours aux énergies renouvelables devrait donc se développer dans les années à venir afin de faire face à ces questions énergétiques. Cette évolution est potentiellement porteuse d’opportunités pour les entreprises qui vont voir se développer de nouveaux marchés ainsi que de nouvelles sources d’approvisionnement en énergie.
Jeremy Rifkins met aussi en avant les innovations technologiques qui doivent permettre une meilleure utilisation de l’énergie (au travers par exemple de la mise en place de réseaux intelligents de distribution). Ces innovations peuvent également permettre aux entreprises de modifier leurs modèles économiques en créant des biens plus respectueux de l’environnement. Cette analyse peut aussi sembler pertinente au vu de l’histoire économique.
retour vers le passé :
L’économiste J. Schumpeter (1883 – 1950) avait en effet mis en avant, dans son livre « Le cycle des affaires », l’hypothèse que l’économie fonctionne par cycle et que ces cycles dépendent de l’innovation. Selon Schumpeter les innovations apparaissent par grappes (machine à vapeur et métier à tisser par exemple) et ses grappes d’innovations sont à la base de la croissance économique. Ainsi les innovations liées à la machine à vapeur ont donné la première révolution industrielle, le pétrole et l’électricité ont donné la seconde révolution industrielle… Aujourd’hui les énergies renouvelables devraient, selon l’analyse de J. Rifkins, entraîner une nouvelle révolution industrielle porteuse de croissance pour les entreprises.
Enfin, l’analyse de Jérémy Rifkins est intéressante parce qu’elle traduit une évolution dans la perception de l’économie. Aujourd’hui de plus en plus de consommateurs se sentent concernés par l’écologie (selon un sondage BVA du 28 novembre 2015, 74% des Français se sentent concernés par la COP 21). Une entreprise qui décide de construire son modèle économique en se basant sur les principes de J. Rifkins devrait donc être capable d’attirer des clients ou d’améliorer son image de marque.
Le mythe de la troisième révolution industrielle ?
Les recommandations de J. Rifkins peuvent cependant être sujettes à caution. Tout d’abord, c’est l’idée même de « révolution » qui est discutable. En effet certains économistes mettent en avant le fait qu’il s’agit en réalité d’un processus lent. La première révolution industrielle en Angleterre est souvent datée de 1830 mais il s’agit de l’aboutissement d’une série de changements économiques et sociaux ayant eu lieu dans le pays et dont l’origine est difficilement déterminable (certains économistes parlent du XVIème siècle !). Selon cette idée, les modèles économiques ne peuvent pas évoluer rapidement et si les changements préconisés par J. Rifkins doivent avoir lieu, ils prendront du temps.
Renouvelable = profit ?
Ensuite, se pose la question de la fiabilité économique des recommandations Jérémy Rifkins. La majorité des entreprises ont en effet pour principal objectif de faire du profit. Ainsi, le « virage » vers des énergies renouvelables ne sera pris que s’il est porteur de véritables économies pour les entreprises, ce qui n’est pas encore clairement établi (d’autant plus qu’actuellement le prix de certaines énergies fossiles comme le pétrole a tendance à baisser). Cette analyse, en matière de rentabilité, est aussi valable pour les entreprises qui désirent construire un modèle économique en respectant les principes de la troisième révolution industrielle.
Enfin, la troisième révolution industrielle repose sur une croyance forte dans les opportunités technologiques. Or il n’y pas de certitudes sur l’évolution de l’économie et J. Rifkins ne donne pas d’explication sur les modalités d’apparition de ces innovations ni sur leurs conséquences éventuelles.
Alors que retenir de cette idée de troisième révolution industrielle ?
L’analyse de Jérémy Rifkins est intéressante étant donné qu’elle essaie de prévoir l’économie de demain. Il peut sembler juste qu’une évolution des modes de consommation d’énergies survienne dans les années à venir. De même, il est vrai que la croissance économique dépend en partie de l’innovation. La prise de conscience de l’écologie peut aussi permettre l’apparition de nouveaux marchés. Cependant, il est important de garder un peu de recul, car il n’y a aucune certitude quant aux pronostics de Jérémy Rifkins.