Aujourd’hui, les “espèces” deviennent plus rares, et certains voient déjà un avenir sans cash. Ils n’hésitent pas à parler du liquide comme “d’espèce en voie de disparition”. Le papier (la monnaie “fiduciaire”) a remplacé le métal (les “espèces métalliques”) comme support de la monnaie . Les “moyens de paiement” se sont ensuite développés au gré des besoins (chèques, effets, mandats, TIP, etc.). Ils ont aussi suivi l’évolution de la technologie (virements, cartes, porte monnaie électronique, crypto-monnaie, …).
Ces monnaies “virtuelles” rendent-elles pour autant les espèces obsolètes ? Doit-on réellement prévoir l’avenir sans cash ? Valoxy, cabinet d’expertise comptable dans les Hauts de France, analyse les conséquences de cette “disparition”.
Une évolution inexorable
Selon les pays, les cultures et les contextes locaux, le poids du “liquide” dans les échanges diminue partout. Cela se fait plus ou moins rapidement. Les raisons en sont la sécurité, la rapidité, et la praticité. Les billets froissés et les pièces métalliques au fond de nos poches n’ont plus la cote. Les paiements numériques (par carte, avec ou sans contact, smartphones), qu’ils soient matérialisés ou dématérialisés, ont pris le relais, notamment auprès des jeunes, à la recherche de moyens rapides et faciles à utiliser, adaptés à une vie toujours plus “numérique”.
Ainsi, depuis 2015, les paiements en espèces chez les commerçants sont plafonnés à 1 000 euros (contre 3 000 euros auparavant). De même, depuis le début de l’année 2019, il n’y a plus d’impression de nouveaux billets de 500 euros.
La plupart des pays riches (Europe du Nord en tête) sont certes bien plus en avance dans cette évolution que les pays en voie de développement, mais, là aussi, les choses évoluent : en Chine, les paiements numériques (c’est à dire “dématérialisés”) sont ainsi passés de 4% à 34% de tous les paiements entre 2012 et 2017 (The Economist 05/08/2019).
Des avantages…
Efficacité : les nouvelles technologies de paiement sont rapides, faciles à utiliser, et, de l’autre côté de la chaîne, permettent à leurs promoteurs (les entreprises de technologie ou de télécommunications) de traiter beaucoup plus de données, de manière plus rapide, et de récolter plus d’informations à moindre coût. La numérisation élargit considérablement l’environnement des petites entreprises ou des commerçants indépendants en leur permettant de vendre bien au-delà de leurs frontières traditionnelles. Les nombreux moyens de paiement disponibles en ligne (Paypal, Mollie, Ingenico, Hipay, Amazon pay, etc.) facilitent ces échanges, et permettent aussi aux clients utilisateurs de se créer un “historique de crédit”, qui peut les aider à emprunter.
Coût : la gestion de l’infrastructure qui se cache derrière “l’économie du cash” coûte cher : coffres forts, guichets automatiques, transports sécurisés par fourgons blindés, comptage des liquidités, back office, remise en banque, technologies acceptant des pièces, etc. La fabrication, le tri, le stockage et la distribution de ce cash, totalement “improductifs”, représentent un coût très élevé dans les économies développées.
A l’inverse, les nouvelles technologies, après l’étape de leur développement, sont infiniment moins chères, pour traiter beaucoup plus de données et d’informations. La plupart des banques poussent donc leurs clients à abandonner les espèces et tentent de les dissuader de les utiliser avec des frais plus élevés.
Sécurité : la détention d’espèces est, enfin, beaucoup plus risquée. Les paiements dématérialisés rendent en effet les personnes et les entreprises moins vulnérables au vol. Les États, grâce au traçage systématique de toutes les transactions, peuvent mieux contrôler les flux, ce qui diminue sensiblement la fraude ou l’évasion fiscale. Au contraire, le “cash”, très prisé des trafics en tous genre, reste le meilleur moyen d’éviter les contrôles et les impôts.
… mais aussi des inconvénients
Si l’économie en devient plus efficace, la diminution importante du “cash” pose néanmoins de nouveaux problèmes, et ses “effets secondaires” sont de plusieurs ordres :
Défaillances techniques : les systèmes de paiement électronique peuvent être vulnérables aux défaillances techniques, aux pannes de courant et aux cyber-attaques.
Fracture numérique : personnes âgées, retraités, handicapés, chômeurs, bénéficiaires des minima sociaux, immigrés, etc., les laissés pour compte de la “dématérialisation” seraient environ vingt millions de personnes en France. Ils vivent plus souvent à la campagne ou dans les zones blanches. Ces personnes ne se connectent jamais (ou très rarement) à Internet. Elles n’ont pas de smartphone ou d’ordinateur, et surtout, elles se sentent perdus sur Internet. L’achat d’un billet de train, le dialogue avec un employé du Trésor public, le retrait d’une carte grise deviennent, en ligne, des parcours du combattant.
Souvent incapable de s’adapter à cette “ dématérialisation ”, de cliquer où il le faudrait ou de remplir un formulaire en ligne, ce public pourrait cependant être sorti de son isolement numérique grâce à une politique d’accompagnement, de formation, et d’éducation informatique.
La crainte de “big brother”. La suppression totale des espèces, méthode de paiement anonyme par excellence, profite aux gouvernements. Ceux-ci, grâce au « tout-numérique » pourront encore mieux surveiller les habitudes d’achat des particuliers. De plus, avec un avenir sans cash, les géants du numérique auront aussi plus d’occasion d’exploiter leurs données personnelles.
Un avenir sans cash ? Pour plus d’informations sur le “liquide”, retrouvez les articles de notre blog :