Réunie cette année à Bélem, au nord du Brésil, la COP30 acte et synthétise les derniers engagements concrets des États du monde entier contre le changement climatique. Mais qu’est-ce que les COP ? Comment s’organisent-elles ? Comment travaillent-elles ?
Valoxy, cabinet d’expertise comptable dans les Hauts de France explique dans cet article le dessous de ces conférences internationales, qui ont des impacts directs sur les entreprises et les populations.
Une COP, c’est quoi ?
La “Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques” (COP) désigne la réunion annuelle des États pour fixer les objectifs environnementaux mondiaux. Les délégations y viennent avec les engagements concrets pris par leur pays, et tentent de trouver des solutions pour lutter contre le changement climatique.
La COP est le principal organe – et rouage – de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), un traité international sur l’environnement qui fait suite au sommet de la Terre de Rio de Janeiro, en 1992, où avaient été signées 3 conventions sur :
- la biodiversité, dont les réunions (COP) se tiennent tous les deux ans,
- la lutte contre la désertification, dont les réunions ont aussi lieu tous les deux ans,
- les changements climatiques, la plus importante et la plus médiatisée des conventions de l’ONU, dont les réunions se tiennent tous les ans.
Les COP permettent de mener des négociations et se déroulent chaque année dans des lieux différents. Entre la première, en 1995 (Berlin), et aujourd’hui à Bélem, certaines sont restées dans les mémoires, comme Kyoto, en 1997, ou Paris, en 2015, qui ont vu la signature du Protocole de Kyoto, et de l’Accord de Paris, encore en vigueur aujourd’hui.
Les 198 pays signataires (197 États et l’Union européenne) de la CCNUCC sont appelées “Les Parties”. À ce groupe de pays peuvent se joindre également des représentants d’acteurs non étatiques, scientifiques, ONG, syndicats, entreprises, associations, peuples autochtones, etc. Un organe scientifique, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) [1] , vient renforcer leurs connaissances.
L’occasion d’un coup de projecteur sur le pays hôte
Les conférences fournissent également l’occasion de mettre en lumière les contradictions des pays hôtes :
- les effets dévastateurs de la déforestation, ou encore les licences de forage récemment attribuées à l’embouchure de l’Amazone au Brésil,
- l’extraction de pétrole (énergie fossile) aux Émirats arabes unis (COP28 à Dubaï en 2023) et en Azerbaïdjan (COP29 à Bakou en 2024),
- etc.
La préparation des COP
Une “pré-COP” est organisée avant chaque COP. Il s’agit d’une réunion informelle des ministres de l’environnement ou de l’énergie, qui se retrouvent pour préparer les négociations et en donner les grandes orientations. Elle réunit une cinquantaine de pays dont les représentants des principaux groupes de négociations.
Des groupes de travail réfléchissent également à interagir avec les entreprises :
- la TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosure). Issu de la COP21 de Paris, ce groupe définit des recommandations pour aider les entreprises à informer sur leur gouvernance et leurs actions afin de réduire leurs risques liés au changement climatique. Il élabore aussi un cadre de reporting pour communiquer aux investisseurs les informations financières des entreprises relatives au climat.
- la TNFD (Task Force on Nature-related Financial Disclosure) est un groupe de travail international sur les données de la nature. La TNFD développe un cadre de reporting volontaire sur la nature à destination des entreprises, pour les aider à informer :
- sur leurs dépendances à la nature,
- sur les impacts que leurs activités engendrent sur les écosystèmes,
- et sur les risques et opportunités qui en découlent.
Il s’agit d’un cadre volontaire. Les entreprises et institutions financières choisissent de l’utiliser ou non.
En même temps que les COP
Couplées aux COP ont aussi lieu des “réunions de suivi” :
- du Protocole de Kyoto, chaque année depuis 2005, date de l’entrée en vigueur du protocole. C’est la “Conference of the Parties serving as the meeting of the Parties Kyoto Protocol” (CMP).
- de l’Accord de Paris, chaque année depuis 2016. C’est la “Conference of the Parties serving as the meeting of the Parties to the Paris Agreement” (CMA).
L’importance des conférences
Chaque COP est importante, et les enjeux augmentent tous les ans. Chaque année aussi les objectifs communs sont plus difficiles à trouver. Les tensions géopolitiques, mais aussi, ces dernières années, une vague climato-sceptique de plus en plus forte, font souvent passer au second plan les préoccupations environnementales. Et malgré l’impression, parfois, de ne pas “voir avancer les choses”, il reste primordial pour tous les pays de se parler, et d’échanger pour garder un cap :
- contenir l’augmentation des températures moyennes mondiales en dessous de 1,5 °C par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle,
- répondre aux conséquences du réchauffement plus rapide de certaines zones du monde, liées à des facteurs géographiques,
- s’adapter, une priorité majeure pour les pays en développement, afin d’orienter l’action climatique et savoir faire face aux conséquences immédiates du réchauffement climatique (montée des eaux, phénomènes climatiques plus fréquents et plus violents, etc.)
Quels sont les sujets plus spécifiques à la COP30 de Bélem ?
Outre les points déjà cités précédemment, certaines thématiques sont chères au président brésilien Inácio Lula :
- avancer sur la notion de “justice climatique”, et de “transition juste”
- augmenter les moyens de financement climatique de la part des pays riches pour permettre aux autres pays d’abandonner les combustibles fossiles et de protéger leurs population contre les préjudices du changement climatique. Échanges qui ont conduit au concept de “dette écologique” [2].
- création d’un Fonds contre la déforestation, le Tropical Forest Forever Fund (TFFF)
Mais aussi des thèmes récurrents chaque année :
- Relever les ambitions des plans nationaux de chaque pays, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2035, et d’accélérer la transition énergétique (engagements, objectifs et calendrier spécifiques).
- Fixer les échéances de l’abandon des énergies fossiles
- Protéger l’espace civique (lanceurs d’alerte, liberté d’expression, respect des opinions, etc.)
Pourquoi parler aussi de droits humains avec le changement climatique ?
La planète entière est affecté par le réchauffement climatique. Tous, pays, populations, entreprises, en sont affectés :
- les sécheresses prolongées détruisent les récoltes, entraînent des pénuries alimentaires, renchérissent la nourriture. Tout cela ravive les rivalités, provoque des déplacements de population, des migrations et des conflits,
- le réchauffement exacerbe la pollution de l’air provoquée par la combustion d’énergies fossiles, les chaleurs extrêmes augmentent la mortalité,
- les pollutions nocives exposent des populations entières à des risques sur leur santé,
- les “événements climatiques extrêmes” (tornades, crues, montée des eaux, …) poussent des habitants à migrer,
- etc.
Ces événements climatiques entraînent ainsi des atteintes aux droits humains, aux droits à la santé, à la vie et au logement, et marginalisent les personnes vivant dans les zones les plus touchées. Les populations « attenantes » qui vivent près d’infrastructures industrielles subissent, elles aussi, directement l’impact de la pollution et de la dégradation de l’environnement.
Pour conclure
Le reports réguliers des échéances, les pressions politiques, l’obstination de certains gouvernements, l’assouplissement de réglementations climatiques sur l’extraction de combustibles fossiles, ne sont pas des bonnes nouvelles. Pourtant, 10 ans après, le bilan de l’Accord de Paris est globalement positif. La politique des petits pas, grâce à laquelle chaque pays rend sa copie individuelle (les NDC) selon les lignes directrices du GIEC, a été un moyen “d’embarquer tout le monde” (194 pays sauf les États Unis, quand même !).
“Les COP sont un immense barnum, très énervant. Il y a les pétroliers, le prince de Monaco… mais c’est la grand-messe où on met des projets sur la table et où l’on voit nos contradictions. C’est un rassemblement qui reste nécessaire”.
[1] Le GIEC
Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), regroupe des experts de tous les pays du monde qui évaluent les informations scientifiques, techniques et socio-économiques liées aux changements climatiques d’origine humaine. Ses évaluations sont principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue. Le GIEC a obtenu en 2007 le co-prix Nobel de la Paix avec le vice-président américain Al Gore.
[2] La « dette écologique »
Ce concept désigne la dette (non monétaire) contractée par les pays industrialisés envers les autres pays en raison des « spoliations » passées et présentes de leurs ressources naturelles, auxquelles s’ajoutent la délocalisation des dégradations et la libre disposition de la planète afin d’y déposer les déchets de l’industrialisation.
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