L’ICO, pour « Initial Coin Offering », est une nouvelle solution de financement pour les entreprises. Elle consiste à récolter des fonds en crypto-monnaie, via l’émission de jetons numériques sur des plateformes de financement dédiées. Certaines ICO ont permis de récolter des sommes spectaculaires, jusqu’à 257 millions de dollars en crypto-monnaie et en quelques minutes pour la start-up FileCoin, par exemple. L’ICO séduit les start-up et les férus de nouvelles technologies, mais la pratique, déréglementée, n’est pas sans risques.
Valoxy, cabinet d’expertise comptable dans les Hauts de France, vous explique le concept de l’ICO.
L’ICO, quèsaco ?
Une ICO, pour « Initial Coin Offering » est un nouveau mode de financement des entreprises, et normalement prévu dans leur phase de démarrage (« Initial »). Il consiste à récolter des fonds via l’émission de titres numériques échangeables contre une crypto-monnaie (Bitcoin, Ether…).
Ces actifs numériques sont appelés « tokens » (pour « jetons numériques »), et donneront à leurs titulaires le droit (défini au moment de l’émission) à des biens et services futurs du projet ou de l’application développés par l’entreprise émettrice et, parfois aussi, à une rémunération (distribution d’un pourcentage sur les bénéfices par exemple)
L’ICO est donc un mélange de crowdfunding et d’introduction en bourse, auprès « d’internautes-investisseurs », et s’appuie sur la technologie de cryptage de la blockchain, dans un marché numérique régi par le cours (volatil) des crypto-monnaies.
Mais contrairement à la bourse, l’ICO n’est pas un achat de titres !
Attention, si l’ICO s’apparente au fonctionnement d’un marché boursier, il n’en est pas un ! Les jetons numériques (« tokens ») ne sont pas vendus, mais mis sur le marché, sans prise de participation dans l’entreprise de la part des investisseurs.
Ensuite, l’échange se fait au travers d’une crypto-monnaie ; cette dernière n’étant pas reconnue comme un instrument financier par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), il est donc important de rester vigilant, d’autant que les crypto-monnaies sont très volatiles. Une ICO peut gagner, mais aussi perdre beaucoup de sa valeur en très peu de temps.
Ensuite, la valeur des « tokens » évolue, comme tout actif financier. Les investisseurs peuvent les échanger sur des plateformes d’échanges spécialisées, avec une plus value ou une moins value, en fonction de l’offre et la demande. Mais ils préfèrent parfois attendre de pouvoir les utiliser plus tard, en échange des biens, services ou applications développés par la start-up et financés par l’ICO, et accompagner ainsi l’entreprise dans son développement.
La recherche de fonds par l’ICO : pour qui, pour quoi
L’avantage de l’ICO, pour les jeunes pousses, est de pouvoir récolter des sommes conséquentes sans attendre des mois et des mois avant d’en obtenir le versement, comme c’est le cas pour les tours de table auprès de fonds d’investissement.
L’ICO permet par ailleurs de contourner les obligations réglementaires ou les coûts élevés engendrés par une introduction en bourse, et profiter d’un moindre formalisme.
Enfin, l’ICO est une solution de financement innovante qui a la cote auprès des start-up des nouvelles technologies et des passionnés, d’autant que les sommes récoltées – si le projet plaît aux investisseurs – peuvent atteindre des sommets en quelques minutes à peine. Une à deux ICO sont organisées chaque semaine dans le monde.
Le fonctionnement d’une ICO
Pour l’entreprise :
Pour faire une ICO, l’entreprise émet des jetons numériques (tokens) sur une plateforme Web dédiée. Aucun contrôle ni aucune réglementation ne limitent, pour l’instant, l’émission de tokens. C’est donc une réelle facilité pour les entreprises, mais une grosse prise de risque pour les investisseurs !
L’entreprise récolte des fonds en crypto-monnaie (Bitcoin, Ether), qu’elle devra ensuite convertir (en Euros, en Dollars..) sur une place de marché (sur des sites comme etoro.com, coinbase.com, etc.)
Pour l’investisseur :
Les investisseurs sont des internautes, librement inscrits sur une plateforme. Ils percevront (si c’est prévu dans le protocole initial) une partie des bénéfices de l’entreprise en échange des jetons qu’ils ont achetés, mais surtout, pourront garder ou revendre leurs jetons, pour les utiliser dans l’entreprise (droit d’usage du service), ou profiter d’une valorisation des tokens.
« Quand une entreprise fixe une date, l’ICO s’ouvre et tout le monde peut investir en même temps, explique Édouard Vallet, le secrétaire de l’association Le Cercle du Coin. Plus l’entreprise communique bien en amont, plus le montant recherché est atteint rapidement. » Attention, c’est un peu comme pour une campagne de financement participatif. La somme visée et la durée de l’émission de tokens sont prédéfinis et non modifiables en cours de route. Lorsque la somme finale est atteinte, plus aucun achat de tokens supplémentaires ne peut être effectué, et les achats supplémentaires sont invalidés.
Quelques ICO spectaculaires :
- Telegram a prévu une ICO en mars 2018. Le célèbre système de messagerie instantanée cryptée espère lever l’équivalent de 2 milliards de dollars en crypto-monnaie. Cela constituerait l’ICO la plus importante jamais menée si l’entreprise arrivait à ses fins.
- Brave est le navigateur Web conçu par l’un des fondateurs de Mozilla Il a levé l’équivalent de 35 millions de dollars en crypto-monnaie en quelques secondes le 31 mai 2017.
- FileCoin a levé l’équivalent de 257 millions de dollars en crypto-monnaie en Septembre 2017.
- la blockchain a elle-même réalisé une ICO pour se développer. En 2014, elle récoltait l’équivalent de 18 millions de dollars en crypto-monnaie de la part des internautes.
Des start-up françaises ont aussi réalisé leurs ICO :
- L’entreprise de jeux vidéo Beyond the Void a levé l’équivalent de 110 000 euros en crypto-monnaie
- ec, spécialisée dans le Cloud, a levé l’équivalent de 12.5 millions de dollars en crypto-monnaie.
- Domraider est une entreprise spécialisée dans le rachat de noms de domaine. Elle a organisé une ICO avec un objectif de 35 millions d’euros. Les résultats sont en cours : « tant que nous n’avons pas l’aval du commissaire aux comptes, nous ne pouvons rien dire », ont assuré les dirigeants de l’entreprise.
Pour en savoir plus sur les monnaies virtuelles, retrouvez nos articles sur le blog Valoxy :